DescriptionAutour de Montrichard, la vallée du Cher présente un fond relativement plat et régulier, ondulant légèrement en vis-à-vis de la ville. La rivière s’écoule lentement, formant quelques îles comme l’Île Picard ou l’Île de la Salle, toujours verdoyantes. Les berges restent assez difficiles à longer bien que quelques chemins donnent accès au bord de l’eau. De part et d’autre de la vallée, les coteaux montrent une morphologie dissymétrique : très raides et enfrichés en rive droite, ils s’élèvent plus progressivement en rive gauche, annonçant les paysages des Coteaux du Cher (voir unité n°21). La présence dans le sous-sol de matériaux tendres (craie à silex et tuffeau) a favorisé le creusement de vallons entaillant les coteaux, formant des niches en retrait de la plaine au creux desquelles l’urbanisation a pu se développer à l’écart des crues.
Délimitée par de francs coteaux, la plaine agricole forme un bandeau régulier auprès du Cher, déroulé surtout au pied de la falaise de la rive droite. Deux séquences se lisent aisément dans les paysages agricoles, délimitées par la confluence des ruisseaux du Bavet et de la Fontaine : à l'amont, en l'absence de structures végétales, les paysages nus et ouverts de grandes cultures exposent les coteaux au regard, tandis qu'à l'aval, les haies et les ripisylves constituent des premiers plans qui animent la plaine et adoucissent la présence visuelle des coteaux. Entre Bourré, Montrichard et l'Ormeau, des marais et d'anciennes îles, enfrichés ou boisées, occupent les terres spongieuses des bords du Cher.
Une occupation dominante des coteaux par le vignoble
La vallée du Cher, dans le prolongement du plateau de la Sologne Viticole, présente des coteaux calcaires propices à la viticulture. L'AOC Touraine y est le plus répandu et donnent des Sauvignons, des Gamays et des Cabernets-Cots. En rive droite, la vigne s'avance jusqu'au sommet des pentes boisées, trop raides pour être cultivées. L'ensemble ainsi composé ne s'interrompt qu'à proximité de Montrichard. En rive gauche, le relief plus doux accueille la vigne directement sur les pentes. Les croupes, sculptées à travers le coteau par des vallons appelés rouergues, portent de petites parcelles à l'aspect soigné et peigné. Elles offrent également un premier plan très valorisant depuis les sommets vers la vallée.
Des sites urbains très liés aux coteauxHistoriquement, l’urbanisation s’est développée en rive droite, avec Thésée, Bourré et Montrichard, desservies par la RD 176 et la voie ferrée. En rive gauche, le coteau est resté essentiellement voué à la vigne, les villages installés restant de taille modeste. Les crues du Cher, depuis toujours, ont interdit toute implantation de village dans la plaine. Les sites légèrement surélevés ont été préférés, comme les vallons affluents en pentes douces creusés dans les coteaux festonnés, qui forment des dégagements abrités. Généralement présent dans le sous-sol, le tuffeau tendre a facilité cette implantation du bâti dans les coteaux. Comme dans la vallée du Loir, l’exploitation de la roche a généré une architecture troglodytique pittoresque et originale. Bourré, lové au sein d’un vallon et agrippé à la falaise, en est l’exemple le plus marquant mais d’autres sites existent comme les Caves, sur la rive opposée à Montrichard, ou le Perrin à Angé : la falaise, couverte de végétation, laisse apparaître des portes et des façades enkystées dans la roche.
La pression urbaine exercée par Tours, à 45 kilomètres de Montrichard, a généré une extension récente désorganisée des villes et des villages tels que Thésée, Pouillé, Saint-Georges-sur-Cher, Chissay-en Touraine ou Angé. Souvent limités dans leur développement par la proximité immédiate du Cher et de la voie ferrée en pied de coteau, ils se sont étendus aussi bien à l'intérieur des vallons que le long de la Route Nationale et en sommet de coteau. La logique urbaine initiale des sites bâtis, tenus en pied de coteau, s'est progressivement affaibli faute de choix : privilégiant le logement individuel, les nouveaux quartiers se sont distendus pour se rejoindre les uns les autres et former des ensembles urbanisés continus, notamment au fils des routes.
Au cœur de la vallée, bien visible depuis la plaine comme depuis les coteaux, Montrichard est la ville « centre » du territoire. Sa silhouette, postée au dessus du Cher, est prolongée par un très beau pont supporté par d’élégantes arches. Depuis les quais, la ville expose une façade bâtie remarquable héritée du Moyen-Âge et de la Renaissance. Elle s’installe de façon resserrée à flanc de coteau, surmontée du donjon de l’ancien château aujourd’hui disparu, depuis lequel une large vue est offerte sur la vallée. Le site bâti de Montrichard, influencé à la fois par la proximité de Tours et par le tourisme lié à Amboise, est aujourd’hui déstabilisé par le développement de la ville : sans réelle cohérence urbaine, les quartiers de Touraine 1, des Lièvreries, ou les Demeures de la Tour, ont fleuri au sommet des coteaux. Plus au nord encore s’installent des zones d’activités que la Forêt de Montrichard, assurant la transition entre les paysages du Plateau de Pontlevoy et la vallée, limite dans leur développement.
Une congestion des réseaux en rive droiteComme à l’amont, la vallée est parcourue par des réseaux de circulations difficilement franchissables. La voie ferrée, installée au contact des centres anciens, a généralement contraint les nouvelles constructions à s’implanter à l’écart : ponts, caténaires, remblais et barrières marquent ainsi l’urbanisation liée à cet axe. S’ajoutant à la RD 176 et au Cher, elle fragmente un peu plus l’espace du pied de coteau au long duquel les habitations progressent tant bien que mal, créant des paysages confus.
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Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes
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