Description
La Cisse naît discrètement sur le plateau de Beauce, mais elle ne présente vraiment un profil de vallée qu'à partir de Saint-Bohaire, où les coteaux sont visuellement marqués et s'élèvent à 25 mètres de haut. Plus à l'aval, autour d'Orchaise et de Molineuf, ils atteignent 45 mètres et retrouvent une trentaine de mètres à l'approche de la vallée de la Loire. Le dessin de la vallée est renforcé par la platitude de son fond qui contraste avec la vigueur de ses coteaux. Les nombreux méandres et les boucles d'Orchaise et de Chambon-sur-Cisse enrichissent la morphologie de la Cisse, qui déroule progressivement un paysage tout en souplesse.
Une diversité d’occupation des sols précieuse et fragile
Le paysage de la vallée de la Cisse bénéficie d'une belle diversité d'occupation des sols. Espaces naturels, agriculture et boisements s'imbriquent étroitement pour dessiner une vallée travaillée et soignée. Des marais qui prolongent la réserve naturelle de Grand Pierre et Vitain, occupent les bords de Cisse au pied de Saint-Bohaire et un peu plus en aval, de Saint-Lubin-en-Vergonnois, offrant des ambiances naturelles qui tranchent nettement avec les espaces domestiqués des alentours. Ailleurs, l'agriculture a pris place dans la vallée sur les fonds plats et les piémonts légèrement inclinés : les prairies occupent les bords de l'eau tandis que les cultures profitent des terres les plus drainées et des pentes les plus douces ; quelques haies délimitent les parcelles de pâtures. En contrebas des villages d'Orchaise et de Coulanges, des jardins viennent border la Cisse et constituer un écrin végétal aux sites bâtis. Cependant, le drainage permet aujourd'hui de cultiver davantage de terres et le fond de vallée s'ouvre à la grande culture. La diversité de l'occupation des sols se réduit tandis que les structures végétales disparaissent peu à peu. Entre Coulanges et Chouzy-sur-Cisse, ainsi qu'entre de Molineuf et Chambon-sur-Cisse, les parcelles sont dilatées en étendues monotones qui ne favorisent pas la qualité des paysages et des milieux.
Des boisements denses occupent les flancs de coteaux abrupts ou suivent le cours de la Cisse lorsque celle-ci n'est plus gérée par l'agriculture. Ils forment un cadre végétal au grand paysage de la vallée et contribuent à l'individualiser vis-à-vis des paysages attenants : la vallée est clairement distincte des Gâtines ou du Val de Loire. Au sommet du coteau, la forêt domaniale de Blois, avec ses 2 800 hectares, est en relation directe avec les villages qui s'y adossent, offrant aux habitants un cadre de vie particulièrement agréable. Au bord de l'eau, les peupleraies se sont particulièrement développées et couvrent une part considérable des surfaces de production de la vallée. L'échelle de la Cisse souffre de ces grandes productions sylvicoles qui ferment les perspectives et comblent le fond de vallée. Des villages en balcon sur la vallée qui subissent une pression importante liée à la proximité de Blois
La vallée est ponctuée de villages qui s'installent alternativement en rive droite ou en rive gauche. Ils se répartissent au fil de la vallée selon trois typologies bâties : - en piémont, lorsque la vallée est assez large : ils s'installent alors le plus souvent à l'abri d'un vallon affluent de la Cisse comme à Molineuf ;
- à flanc de coteau, en profitant d'un éperon ou d'une boucle de la rivière ; c'est le cas de Saint-Lubin-en-Vergonnois ; - en sommet de coteau, bénéficiant alors de la double orientation vers la vallée et vers les plateaux, comme à Orchaise par exemple. Les centres, aux maisons denses et groupées, forment des sites bâtis remarquables.
La présence de patrimoine architectural est en partie liée à la proximité de Blois : les châteaux de Beaujour ou de Rocon, l'église Saint-Secondin ou l'ancienne abbaye de la Guiche contribuent à enrichir le paysage de la vallée. Dans l'habitat, les maçonneries essentiellement en calcaire recèlent d'élégants détails auxquels s'ajoutent quelques éléments de briques. Des murs de pierres taillées en moellons longent les rues bordées de jardins clos. La tuile et l'ardoise se côtoient. L’évolution récente du développement urbain fragilise l’équilibre des paysages de la vallée : une dispersion importante du bâti d’habitation est à l’œuvre, affaiblissant généralement les sites bâtis : des maisons isolées et des lotissements apparaissent sur les coteaux ou en fond de vallée, sans cohérence avec les centres. Parmi eux, les Rochelles (Saint-Lubin-en-Vergonnois ), Carelle (Orchaise), les Grands Clos (Chouzy-sur-Cisse)…
Une vallée parcourue de belles routes-paysages
En fond de vallée, la départementale RD 135 serpente alternativement en rive droite ou en rive gauche de la Cisse. Très sinueuse, elle s'adapte à chaque ondulation du relief et permet d'embrasser du regard de vastes points de vue sur la vallée : elle se positionne généralement en piémont, mais s'élève aussi parfois sur le coteau pour rejoindre la Bouteillerie, à Chouzy-sur-Cisse, ou Carelle, à Orchaise. De là, elle permet au regard d'embrasser l'écrin boisé de la vallée et les villages précisément positionnés par rapport au relief. Elle est doublée par des petites routes bien implantées à l'appui du coteau, longeant la falaise de Chambon-sur-Cisse ou traversant perpendiculairement les reliefs pour relier les villages aux rives de la rivière. Toutes ces routes sont dans l'ensemble d'une grande qualité paysagère. ![]() |
Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes
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