DescriptionLes paysages des boucles du Loir sont riches de complexité : alors que l'amont de la vallée reste empreint de calme et de sérénité, le Loir se contorsionne désormais en méandres serrés, tenus par un relief marqué par des coteaux à vif. La géologie explique cette nouvelle séquence de paysages : le tuffeau s'est substitué aux molles argiles du Perche. Issu d'une longue période de stratification des sédiments marins durant le Crétacé, il marque le paysage de sa présence. Ses teintes blanches, sablées ou ocre apparaissent largement sur les falaises mises à nu par la rivière, et dans l'architecture traditionnelle. Les directions changent, les situations se multiplient, contribuant à cette complexité labyrinthique synonyme de richesse et de diversité paysagère. Selon leur exposition, les falaises et pentes sont tour à tours coiffées de denses boisements, nappées de fougères, ou occupées par une végétation plus méridionale à la faveur d'une orientation sud. Une grande variété de milieux, d'ambiances et de paysages fait finalement apparaître la vallée sous différentes facettes. Plusieurs affluents tels la Brisse, le Gondré ou le Longeron contribuent à complexifier encore la géographie des boucles, creusant eux aussi la roche-mère pour y imprimer de profonds vallons aux paysages souvent bien préservés. Ils créent ainsi des ramifications à l'intérieur du Perche Vendômois et de la Gâtine Tourangelle. Les boucles de la vallée exposent les coteaux à des orientations très diverses. Dans cette situation, les villages ont trouvé l'opportunité de développer différentes ressources. Les sites exposés au nord et aux vents sont couverts par des bois longtemps exploités pour le chauffage et qui servent encore aujourd'hui de réserve cynégétique. A l'inverse, les situations bien ensoleillées mais sèches accueillent la vigne, qui se plaît sur les argiles à silex organisés en bandes sur les rebords de coteaux. Ponctuellement, sur les pentes bien visibles, la vigne dessine des paysages soignés et peignés très valorisants. Si elle occupe majoritairement les coteaux exposés au sud, comme à Vendôme, quelques pentes opposées peuvent également être propices à son développement en fonction de micro climats : à Thoré-la-Rochette, l'éperon que forme la Brisse avec le Loir est couvert de vignobles classés AOC Coteaux du Vendômois.
Une agriculture soignée
Le fond de la vallée du Loir n'est pas de largeur constante : il s'ouvre et se resserre alternativement en fonction du rapprochement des coteaux qui le bordent. Il s'élargit à la faveur d'une confluence, comme à Saint-Rimay, où s'insinue le Gondré dans la vallée qui mesure alors 2 kilomètres ; il se contracte et ne mesure plus que 600 à 700 mètres de large entre les coteaux d'Asnières et de la Rochette. A l'aval de Vendôme, la vallée se transforme en une petite plaine large de deux kilomètres et demie. Selon ces dispositions, l'agriculture s'est adaptée et dessine tantôt le visage d'une vallée bocagère préservée et pâturée, tantôt celui d'une plaine agricole à fort rendement, découpée en grandes parcelles. Certaines séquences paysagères pâtissent d'une intensification importante, mais les paysages agricoles restent dans l'ensemble plutôt préservés. En rive gauche, les ruisseaux du Langeron, du Gondré et de la Fontaine de Sasnières, sinuent à travers de petits fonds agricoles à l'aspect jardiné où s'imbriquent ripisylve denses, prairies encloses de haies et parcelles cultivées. Ces ouvertures précieuses dans les coteaux du Loir, verdoyantes et intimistes, invitent à découvrir d'autres ambiances, en transition douce avec les paysages plus ouverts et monotones des plateaux de la Gâtine Tourangelle. En rive droite, ce sont les ruisseaux du Fargot, du Boulon et de la Boële qui ouvrent des perspectives vers le Perche Vendômois dans un cadre agricole moins préservé : les haies et les ripisylves ont ici en grande partie disparu.
Les sites bâtis des boucles du Loir ont profité de la complexité de la géographie et se présentent sous trois formes, qui contribuent à la richesse paysagère de la vallée : - les sites bâtis de plaine sont rares, mais Vendôme en est l'exemple le plus marquant. La ville s'est largement développée et rejoint les piémont des coteaux de part et d'autre de la vallée ;
- les sites perchés tirent essentiellement parti des éperons dessinés par les méandres du Loir et les confluences. C'est le cas de Thoré-la-Rochette notamment, qui s'installe au dessus de la confluence du Loir et de la Brisse ; - la situation de piémont est l'une des plus fréquentes. Les villages s'accrochent au bas des falaises et se concentrent en longues files régulières, dessinant des formes urbaines particulièrement originales en appui contre la falaise d'un côté et ouverts sur le fond de vallée de l'autre. C'est le cas de Montrieux, d'Asnières ou de Rochambeau. De l'autre côté de la route se succèdent les jardins potagers en lanières étroites parfois enrichis par la présence d'animaux domestiques qui contribuent à l'attractivité des sites. Outre le bâti traditionnel, les villages de piémont sont souvent marqués par des habitations troglodytiques. ![]() Les boucles du Loir sont marquées par une architecture d'un type
particulier, l'habitat troglodytique, largement présent au fil de la
vallée : à Asnières, Rochambeau, Montrieux, Clouseaux, Villavard, les
Roches-l'Evêque ou Lavardin. Il met à profit les cavités issues de
l'exploitation du tuffeau pour en faire des pièces d'habitations. Le
long de la route, en pied de coteau, les maisons s'organisent en
peigne, perpendiculairement à la falaise, laissant deviner les
ouvertures des caves, des champignonnières ou des pièces creusées dans
la roche. Certaines sont même parfois spectaculairement enkystées
dedans. Des cours et des jardins se succèdent entre les habitations.
Alors que l'urbanisation de la vallée est majoritairement accrochée aux coteaux, Vendôme fait exception à la règle : originellement installée en piémont et dominée par une massive forteresse médiévale, la ville s'est développée peu à peu dans la plaine. Elle est aujourd'hui toute entière inscrite dans le fond de vallée. Depuis les rives du Loir, qui se divisent en plusieurs biefs, elle a peu à peu repoussé ses propres limites. A l'intérieur de l'enceinte que représente la douve naturelle du Loir, confortée par de hauts murs de pierre taillée, le centre se compose de places et de ruelles bordées de maisons à colombage ou en calcaire. Le riche patrimoine bâti du centre ville est marqué par la blancheur du tuffeau et les toits d'ardoises. A l'extérieur, les faubourgs et les quartiers plus récents ont progressivement gagné les terres agricoles de la vallée. Les coteaux préservés, cultivés ou récemment replantés de vignes, magnifient le site urbain en composant ses horizons. Ils offrent des points de vue depuis chacune des rives, montrant Vendôme lascivement étendue qui présente une harmonie architecturale remarquable tenue par le tuffeau et l'ardoise. L'abbaye bénédictine de la Trinité, la tour de l'Islette, la chapelle Saint-Jacques dessinent, parmi d'autres édifices, la silhouette de la ville. Des sites bâtis fragiles très sensibles aux extensions récentes
Les sites bâtis, dans toute leur diversité et leur complexité, sont très sensibles à l'extension urbaine. Certains d'entre eux, comme Lavardin ou Thoré-la-Rochette, ont su préserver leur caractère tout en soignant leur image par l'aménagement d'espaces publics sobres et de qualité. Globalement, les villages demeurent groupés et leurs silhouettes bâties coiffent élégamment les coteaux construits. Pourtant, la pression exercée par Vendôme sur ses environs a largement contribué à fragiliser des sites tels que Naveil ou Villiers-sur-Loir. Les sites troglodytiques apparaissent également sensibles et fragiles : construits selon une logique linéaire, ils souffrent aujourd'hui d'extensions urbaines au fil de la route. Ils tendent à être masqués par des maisons individuelles banales qui n'ont pas respecté l'organisation d'origine perpendiculaire à la falaise. ![]() |
Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes
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