Description
Le Perche Vendômois entretient une situation intermédiaire entre Perche Gouët et vallée du Loir : ses paysages de transition douce ne montrent pas de rupture franche avec les paysages voisins, mais glissent plutôt entre caractères hérités du Perche et proximité des falaises du Loir. Ces influences se ressentent dans l'urbanisme ou l'architecture, - qui empruntent tantôt à la vallée du Loir, tantôt aux volumes percherons -, mais aussi dans l'occupation du territoire, qui oscille entre bocage minutieusement entretenu et grandes cultures à perte de vue. Cependant, le Perche Vendômois possède sa personnalité propre, riche d'une diversité et d'une subtilité fragiles qu'il est important d'identifier avec soin.
La morphologie particulière du Perche Vendômois contribue largement à la personnalité de ses paysages : son relief en plateau, prolongeant les plates étendues de la Beauce par-delà le Loir en rive droite, est nettement entaillé par de nombreux affluents qui creusent les argiles et les calcaires tendres pour rejoindre rapidement le Loir. Ces deux aspects contrastés du territoire provoquent un basculement permanent et rapide entre situations ouvertes de plateau et milieux humides et ombragés de vallons. Ainsi, l'Egvonne, le Gratte Loup et le Boulon suscitent une complexité insoupçonnée depuis les replats de Rahart, de Motteux (Danzé), de Boissay (Azé) ou de la Poulinière (Savigny-sur-Braye). Ces vallées s'orientent globalement selon deux directions principales : - une direction nord-est/sud-ouest, qui correspond à l'affluent principal du Loir dans le Perche Vendômois. Le Boulon prend sa source près de Romilly, dans le Perche Gouët et s'écoule jusqu'au lieu-dit du Gué du Loir, à Thoré-la-Rochette ; - une direction nord-ouest/sud-est, partagée par l'ensemble des autres cours d'eau, quasiment parallèles entre eux, la Gouffrande, le Grand Ri, La Boële et le Gratte Loup se jetant directement dans le Loir tandis qu'un chevelu de petits rus accompagne la Bourboule pour transiter par le Boulon avant de rejoindre le Loir. Au creux de ces vallons, des paysages intimistes se découvrent, marqués par une agriculture occupant les fonds plats. Leur complexité est d'autant plus riche qu'ils proposent à la fois des milieux humides et des milieux secs, des abris boisés, des fonds plats pâturés et des coteaux habités. Les boisements occupent de façon sensible le Perche Vendômois. En grandes masses forestières et en petits bois épars, sur les étendues aplanies des plateaux et sur les versants abrupts des vallons, leur diversité contribue à la richesse des paysages du Perche Vendômois. Les horizons et les moutonnements des vallées sont souvent annoncés par d’élégantes lisières arborées. A la différence du Perche Gouët, les forêts s’étendent volontiers en massifs importants ; celles de Fréteval et de Vendôme couvrent à elles seules près d’un septième du territoire. La Forêt communale de Vendôme, à proximité immédiate de la ville, constitue un vaste et précieux espace de nature largement investi par les Vendômois pour leurs loisirs. Les reliefs abrupts des vallées sont plus facilement occupés par la forêt que gérés par l’agriculture : sur les coteaux de la Gouffrande, du Grand Ri, de la Boële ou du Ruisseau de Fargot, ainsi que ceux de la Gravelle, en direction de la Braye, à l’ouest. Ils cadrent élégamment les bas de pentes et les fonds occupés par les espaces cultivés et les villages. Cependant, les espaces agricoles proches des lisières manquent souvent de complexité : les haies et les pâtures disparaissent, nuisant à la qualité paysagère et écologique de ces espaces de transition entre milieux ouverts et milieux forestiers. Le « plateau vendômois » offre de vastes étendues ouvertes où règnent en maîtres les grandes cultures. Originellement, ce territoire était lié au Perche Gouët, marqué par la polyculture-élevage et tramée de bocage. L’intensification de la production agricole n’a laissé derrière elle que peu de haies, reliquats en sursis d’un paysage qui a évolué en se simplifiant. Tout à l’inverse, les vallées et vallons ont conservé une belle part de bocage. Les paysages complexes et riches y contrastent fortement avec ceux des plateaux ouverts, offrant des ambiances plus fraîches et plus verdoyantes. Ils sont soumis néanmoins à une pression forte de transformation agricole, qui s’ajoute à la pression du développement de l’urbanisation, à proche distance de Vendôme : ainsi observe-t-on les vallées se simplifier peu à peu à leur tour en passant des prairies aux cultures, et les rivières se transformer parfois en exutoires de drainage. Contrairement au Perche Gouët, qui offre des conditions d’implantation humaine favorables au dispersement, le Perche Vendômois, caractérisé par une partition plateau/vallée, montre une urbanisation globalement plus groupée. Les villages traditionnels, accrochés aux coteaux, s’abstiennent d’empiéter sur les terres labourables ou inondables et se logent contre les flancs des vallées. Profitant parfois d’un léger rehaut de la plaine, ils s’étendent légèrement sans se risquer à descendre trop près des berges, consacrées à l’élevage ou soigneusement jardinées. Cette forme d’urbanisme rappelle assez celle de la vallée du Loir, qui se groupe et s’allonge au pied des falaises. L’architecture traditionnelle, elle aussi, fait écho à celle des bords du Loir en employant davantage le calcaire que le pans de bois et torchis. Quelques fermes isolées, bien abritées auprès d’un bois ou placées sur un affleurement rocheux (mis à profit pour la construction), se sont développées sur le plateau. Ces bâtiments d’exploitations, relativement similaires à ceux du Perche Gouët dans leurs formes et leurs matériaux, sont souvent de taille plus restreintes et ne sont plus que rarement accompagnés des vergers, potagers et jardins qui constituaient leur précieux écrin. De manière générale, l’évolution urbaine des villages du Perche Vendômois est soumise à la pression de Vendôme, toute proche. Placées en dehors des limites physiques des villages groupés, elles s’accompagnent rarement de plantations et ne favorisent pas les transitions douces entre l’espace bâti et l’espace agricole. De plus, elles viennent souvent en contradiction avec les sites bâtis initiaux fragiles. Face aux sites troglodytiques bien serrés contre les falaises et placés à bonne distance de la route, les nouvelles constructions peuvent, par leur manque de discrétion et de recul, engendrer des couloirs bâtis déconnectés des paysages qu’elles occupent. De même les villages de coteaux apparaissent souvent noyés dans la masse des petites maisons qui occupent indifféremment pentes, piémonts et fonds plats pour s’étendre.
Des routes en moindre dialogue avec le paysageLes routes du Perche Vendômois suivent volontiers les secteurs en plateaux. Plus droites que dans le Perche Gouët, elles sont aussi plus monotones. Les RD9 et RD 5 en sont l’illustration, accompagnées de petits boqueteaux et ouvertes sur les vastes espaces des grandes cultures.
Quelques routes, telles la RN157 ou la RD 957, ont été recalibrées pour accueillir un trafic routier important. Elles traversent parfois des villages en constituant des coupures brutales au sein du tissu bâti. De nombreux poids lourds circulent au quotidien sur la RN 157, qui a été pour cette raison déviée à Epuisay, mais qui demeurent gênants au cœur de Danzé.
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Agence Folléa-Gautier, paysagistes-urbanistes
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